Il y a depuis quelques années maintenant une certaine volonté de rajeunir la liturgie et sa musique, ce qui implique une forme de relativisme esthétique qui permet l’apparition du profane dans la liturgie.
Il s’agirait donc d’analyser avec recul ces choix qu’ont fait nos aînés.
Il semble à prime abord que le désir des évêques de l’époque d’être le levain dans le pain a poussé le catholicisme français à se fondre dans la masse, à se confondre pourrait-on dire avec le profane, dans ce sens l’apparition d’une musique simplifiée, de paroles creuses aux bonnes odeurs de naïveté est une conséquence logique.
Mais il me semble aussi que ce désir était subsidiaire à la volonté d’évangéliser par la liturgie en ouvrant les mystères aux plus nombreux, ce qui évidemment a fait que le mystère célébré s’effaçait devant la forme.
Mais est-ce que la messe a besoin d’être attractive ? n’est ce pas justement ce qui éloigne les jeunes, car ils sont en faite réellement désireux d’approfondir cette compréhension du mystère en vivant d’une vie intérieure enrichie ?
A travers mes nombreuses discussions j’ai découvert que le désir des jeunes est tout autre, ils recherchent dans une vie de foi riche de la grâce des sacrements à avoir une relation au Christ vivante, une relation structurée et cette structure c’est l’opposé du jeunisme qui est intrinsèquement une déstructuration de la liturgie.
Premièrement c’est une déstructuration du fait du non respect de la normativité du rite et de sa rythmique, une rythmique qui nous porte à la contemplation à travers l’oraison et une participation active qui doit être comprise comme étant d’abord une disposition intérieure nous permettant de rejoindre le Christ.
Deuxièmement c’est un déstructuration du rite comme étant un ensemble porté par l’art et le génie humain et soumis à l’action de Dieu, la liturgie étant une « Opus Dei », une œuvre de Dieu, où Il nous rejoint dans notre humanité dans le sacrifice salvifique de l’incarnation et de la croix. Cette déconstruction touche ce qu’il y a de plus sensible et de plus incarné dans la messe: la musique et l’expression artistique.
Je n’ai pas ce postulat que la liturgie doit être désincarnée car œuvre divine, au contraire c’est la compréhension du mystère de l’Incarnation qui nous pousse à donner ce qui est le plus beau sur Terre, l’expression de notre émerveillement devant la création. Ces outils terrestres que sont l’art et la musique sont les moyens les plus élevés de l’activité humaine pour nous élever dans notre prière.
Il y a évidemment une nécessité de laisser une place au sensible, mais qui doit être délimitée et définie, le cadre liturgique normatif donné par la présentation du missel romain est ce garant ainsi que de nombreux motu proprio tel que Sacramentum redemptoris et Sacramentum caritatis pour ne citer que eux.
Il faut revenir à ce cadre de la liturgie pour laisser une place plus juste à l’expression humaine.
Alors je vous en prie, ne laisser par l’expression profane envahir le sacré, et laissons de côté toute volonté d’innover et tenons nous en à respecter ce que le Christ nous a donné à travers l’Eglise et là vous verrez les jeunes revenir.

« Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu : quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire. »
Col 3, 1-4
« 7. Le Christ est toujours là auprès de son Eglise, surtout dans les actions liturgiques. […] Effectivement, pour l’accomplissement de cette grande oeuvre par laquelle Dieu est parfaitement glorifié et les hommes sanctifiés, le Christ s’associe toujours l’Eglise, son Épouse bien-aimée, qui l’invoque comme son Seigneur et qui passe par lui pour rendre son culte au Père éternel. […] Par suite, toute célébration liturgique, en tant qu’oeuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Eglise, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Eglise ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré.
8. Dans la liturgie terrestre nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle  nous tendons comme des voyageurs […]
9. La liturgie ne remplit pas toute l’activité de l’Eglise ; car, avant que les hommes puissent accéder à la liturgie, il est nécessaire qu’ils soient appelés à la foi et à la conversion.
10. Toutefois, la liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise, et en même temps la source d’où découle toute sa vertu.
11. Mais, pour obtenir cette pleine efficacité, il est nécessaire que les fidèles accèdent à la liturgie avec les dispositions d’une âme droite, qu’ils harmonisent leur âme avec leur voix, et qu’ils coopèrent à la grâce d’en haut pour ne pas recevoir celle-ci en vain. »
Vatican II, Sacrosanctum Concilium § 7-11 (nature de la liturgie)