Traduction partielle d’un article de l’Abbé Dominic Allain paru dans le Catholic Herald, posté le 27/10/2018 (http://www.catholicherald.co.uk/commentandblogs/2018/10/27/what-do-young-people-want-my-recent-choir-tour-might-provide-an-answer/)
[L’auteur est en tournée en Espagne avec la Schola Cantorum de la Cardinal Vaughan Memorial School, qui chante la messe en habit de choeur dans les stalles de la cathédrale de Zamora]
On ne peut s’empêcher de mettre en contraste l’architecture magnifique des cathédrales du Nord de l’Espagne, merveilleusement restaurées et préservées, avec la liturgie qui s’y déroule, à l’air minimaliste et à la perspective complètement horizontale. L’absence de silence, et la réduction des gestes rituels au strict minimum, mettent crûment en lumière la difficile vérité que, bien qu’elle n’ait que le mot “simplification” à la bouche, la liturgie réformée est en réalité une démonstration de verbosité.
Cette réforme a été un tel échec, même selon ses propres critères, qu’on juge maintenant nécessaire d’y ajouter des éléments, comme faire venir quelqu’un vers le sanctuaire au début de la messe pour expliquer ce qu’est le “thème du jour” – au cas où les quarante minutes ou presque de lectures, sermons, prières de demande et explications dans le vernaculaire soient insuffisants pour vous le faire capter. L’appauvrissement des gestes rituels a également provoqué frappé par ricochet.
De plus en plus, on observe le spectacle affligeant d’une assemblée de personnes âgées qui ont abandonnées les coutumes immémoriales de leurs ancêtres, comme s’agenouiller ou faire une génuflexion, et ce uniquement pour les remplacer par des mains étendues ou jointes lors du Notre Père, qu’on prie debout.
Ici, à Zamora, on ne lève plus les yeux vers le magnifique retable, avec ses scènes de l’histoire du Salut, et son cortège d’ange et de saints se pressant pour assister au Sacrifice. Au lieu de cela, on se concentre sur le siège en velours peluche du célébrant, à qui revient désormais la place d’honneur, au centre, face à l’assemblée.
On a qualifié l’architecture de musique figée ; mais alors, on peut bien dire de l’architecture des cathédrales qu’elle est une prière figée. Les bâtisseurs voulaient que les gens lèvent les yeux, comprenant que notre culte nous unit au culte de l’Eglise Triomphante, et que la vie surnaturelle est le véritable horizon où la beauté et le confort se trouvent.
C.S. Lewis disait que la soif spirituelle, non moins que la corporelle, cherche ce qui la nourrit, et il semble que les gens ont fait leur choix en ce qui concerne la liturgie réformée, telle qu’elle existe actuellement dans la plupart des églises. Je n’exagère rien en disant que je n’ai pas vu une seule personne de moins de 50 ans aux deux messes du dimanche de notre tournée, en différents endroits. Et pourtant, les jeunes attirés par la Forme Extraordinaire se voient qualifiés de suspects et rigides, même s’ils ne font que vivre quelque chose qui satisfait une soif. Les étiqueter de la sorte est aussi absurde que de dire que si vous avez une objection à ce qu’on démolisse la cathédrale de Zamora pour la remplacer par quelque chose de plus simple, vous avez un problème psychologique.
N’importe qui avec le moindre expérience des jeunes sait que rien ne peut les agacer davantage que des personnes plus âgées qu’eux essayant d’être à la mode. Les pertes subies lors des batailles liturgiques après le Concile ont été si catastrophiques que celui qui désire revenir à une position solide et éprouvée ne fait que preuve de sagesse. La rigidité psychologique insistant, malgré des pertes immenses, en disant que nous nous ne sommes pas allés assez loin dans le changement, me semble beaucoup plus dangereuse.
La musique de la Schola offre un autre éclairage sur ces bâtiments, et sur la liturgie telle qu’elle existe actuellement. L’assemblée vieillissante est absolument transportée par la beauté de leur héritage musical, chanté avec brio. Mais, tragiquement, leur réflexe est de sortir ses téléphone pour l’enregistrer, et quand les garçons ont fini de chanter à la fin de la messe, l’assemblée applaudit.
Cela part d’une bonne intention, mais qu’on puisse s’imaginer qu’une telle beauté a pour but notre divertissement ou l’enrichissement de notre culture est un exemple supplémentaire de l’appauvrissement dû à la réforme liturgique. L’idée que cette beauté soit pour Dieu, et, en fait, de Lui, apparaît au mieux comme une réflexion secondaire.
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