Note : ce qui suit est la traduction d’un article de Shawn Tribe paru le 27 mai 2019 sur le site du (toujours excellent) Liturgical Arts Journal (https://www.liturgicalartsjournal.com/2019/05/what-are-rogation-days.html) .

 

Les lundi, mardi et mercredi de la semaine de l’Ascension sont, dans le calendrier romain d’avant 1970, des jours de Rogations. En ces temps où beaucoup s’attachent à redécouvrir nos traditions, beaucoup se demanderont sans doute : qu’est-ce que les Rogations ?

Les Rogations furent instituées pour apaiser la justice divine, implorer sa protection, et invoquer la bénédiction divine sur la moisson. On distingue les Rogations majeures et mineures – ces dernières ayant lieu trois jours avant l’Ascension.

La Catholic Encyclopedia, dans son article « Rogation Days », commente ainsi l’origine et l’emplacement des Rogations :

Les jours de Rogations sont le 25 avril – elles sont alors dites Majeures – et les trois jours avant l’Ascension, pour les Rogations mineures. Les Rogations majeures n’ont pas de lien avec la fête de Saint Marc, qui fut assignée à cette date bien plus tard ; elles semblent être très anciennes, ayant été introduites afin de combattre les antique Robiglia, durant lesquelles les païens organisaient des processions et des supplications à leurs dieux. Saint Grégoire le Grand légiféra sur cette coutume ancienne. Les Rogations mineures furent, elles, introduites par Saint Mamert, évêque de Vienne ; elles furent par la suite imposées en Gaule par le cinquième concile d’Orléans en 511, et reçurent l’approbation de Léon III (pape de 795 à 816).

L’abbé Francis X. Weiser, S.J., fait les observations suivantes concernant leur origine :

En 470, en un temps de nombreux désastres (tempêtes, inondations, séismes), l’évêque Mamert de Viennem en Gaule, initia l’observance annuelle d’exercices pénitentiels pendant les trois jours précédant l’Ascension. Avec l’aide des autorités civiles, il décréta que les fidèles devaient s’abstenir d’oeuvres serviles, et vivre ces trois jours dans la pénitence, la prère et le jeûne. Il prescrivit aussi des processions pénitentielles (ou litanies) pour chacun de ces trois jours. Ainsi on appela “litanie” l’ensemble de la célébration.

Bientôt les autres évêques de Gaule adoptèrent cette nouvelle pratique. Au début du VIème siècle, elle commença à se répandre aux pays voisins. En 511, le Concile d’Orláns l’imposa en France mérovingienne. Le diocèse de Milan accepta les litanies, mais les célébrait la semaine avant la Pentecôte. En Espagne, au VIè siècle, elles étaient célébrés la semaine après la Pentecôte. Le Concile de Mayence (813) les introduisit dans la partie germanique de l’Empire carolingien. Charlemagne et les évêques francs pressaient Léon III de les incorporer à la liturgie romaine. Le pape consentit à un compromis ; le jeûne ne fut pas adopté, au contraire de la procession pénitentielle [NdT : probablement parce qu’on considérait le jeûne comme inconvenant pour le temps pascal]. (Handbook of Christian Customs, p. 41-42)

Concernant les aspects liturgiques des jours de Rogation, la Catholic Encyclopedia note :

Les cérémonies à observer dans les processions des Rogations majeures et mineures sont indiquées au Rituel Romain, titre X, ch. iv. Après l’antienne “Exsurge Domine”, on chante la Litanie des saints en disant chaque versicule et répons deux fois. Après le versicule “Sancta Maria”, la procession se met en marche. Si nécessaire, on peut répéter la Litanie, ou ajouter des Psaumes graduels ou pénitentiels. Pour les Rogations Mineures, le Caeremoniale Episcoporum note : “eadem servantur, sed aliquanto remissius” (“On observera les mêmes règles, mais un peu plus simplement”). Si on fait la procession, on doit célébrer la Messe des Rogations, sans prêter aucunement attention à une fête occurante de quelque rang que ce soit – à moins qu’on ne dise qu’une seule messe, et la fête est alors commémorée. On fait une exception pour le patron ou le titulaire de l’Eglisem dont on célèbre alors la messe en commémorant les Rogations. La procession et la messe sont en violet. Le Bréviaire Romain indique que : “Tous ceux qui sont obligés à dire l’Office, et qui ne prennent pas part à la procession, sont tenus de réciter la Litanie, sans possibilité de l’anticiper.”

De peur que nos lecteurs s’imaginent que cette merveilleuse tradition est une chose du passé, voici une photographie d’une procession des Rogations ayant eu lieu en Hongrie en 2017 :

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