Cette lettre n’a pas été rédigée par Esprit de la liturgie qui en permet cependant la publication sur son site.


Le 13 mai 2021

En la Fête de l’Ascension de Notre Seigneur

Aux évêques, prêtres et responsables pastoraux de l’Église catholique en Suisse romande

« Ceci est mon corps, donné pour vous : faites cela en mémoire de moi. » (Lc 22:19)

Par ces lignes, nous désirons témoigner de notre incompréhension et de notre inquiétude face aux portes des églises fermées à clé durant les célébrations dominicales et plus généralement vis-à-vis des mesures contraignantes adoptées par certaines paroisses, en sus des restrictions de l’État, entravant le libre et non discriminatoire accès à la divine liturgie. Nous constatons en effet que les quotas arbitraires sont appliqués et interprétés avec une rigueur parfois excessive, jusqu’à la fermeture des portes qui affichent « complet », sans autre possibilité de participer physiquement à la Messe. À travers ce témoignage, nous souhaitons encourager nos Évêques, nos Pasteurs ainsi que tous les responsables pastoraux à persévérer dans leur mission en se montrant fermes dans leur intention de sauvegarder la plus large participation à ce qui constitue la source de notre vie spirituelle.

Les disciples témoins de la Passion du Seigneur ont reconnu le Christ ressuscité à la fraction du pain et notre sainte Église enseigne dans sa Tradition que c’est l’Eucharistie qui est source et sommet de toute la vie chrétienne. C’est pourquoi nous désirons recevoir le Corps du Christ, pour autant que nous en sommes dignes, en assistant aussi régulièrement que possible et adéquat à la sainte Messe, car il s’y accomplit le don mystérieux et infiniment précieux de Notre Seigneur et que les grâces qui en découlent sont innombrables. Comme notre faim de la communion, notre soif de se trouver en présence du Très Saint Sacrement est ardente. Devant les portes fermées, nous nous sentons étrangers et écartés de la famille qui est la nôtre, mais surtout privés de ce vers quoi nos cœurs s’élancent lorsque nous laissons une place au Seigneur.

Nous nous inquiétons que le devoir d’obéissance aux autorités puisse faire l’objet d’un zèle plus déterminant que celui que devrait inspirer l’espérance chrétienne. Conscients que la doctrine sociale de l’Église n’impose pas une obéissance aveugle, attitude au détriment du don de Dieu qu’est la raison humaine, nous portons un regard sévère sur l’État de droit et la liberté qu’il offre à la pratique de notre foi. Celle-ci trouve ses ressources dans la rencontre fréquente avec le Christ réellement présent, Signe unique dont l’Église nous partage le trésor. Nous observons tout particulièrement chez les jeunes membres de la communauté en quête sincère d’une relation vivante avec le Père qu’une porte fermée ou un accès refusé à la sainte Messe participent au développement d’une société pleine de tout, mais vide de Dieu.

Durant cette période difficile dont nous n’entrevoyons pas encore le dénouement, une grande lassitude et une frustration profonde ont pu s’installer à l’égard de certaines restrictions imposées aux fidèles. Les rares décisions de justice favorables en Suisse romande, obtenues par l’effort de quelques fidèles, en sont un indice. En plus de l’incompréhension suscitée par la situation, il apparaît que ces mesures font souffrir toujours plus ceux qui se portent bien dans leur corps mais se perdent dans l’âme. L’Eucharistie n’étant pas tant l’objet de la liberté de culte que celui de la vie éternelle que nous espérons dès ici-bas, nous estimons juste et nécessaire de défendre l’accès à la sainte Messe non pas comme une simple expression de la pratique religieuse mais comme notre propre vie. Cela relève de la tâche politique des chrétiens et de l’Église qui en ont les ressources intellectuelles et économiques, mais qui jouissent avant tout d’une liberté inviolable en la matière, fruit de l’espérance.

Nous comprenons et reconnaissons la difficulté de nos Pasteurs à se prononcer contre l’autonomie des autorités pour imposer des restrictions nécessaires à la stabilité, la sécurité et la paix sociales, mais nous craignons que cette difficulté résulte en un découragement et une acceptation de dilemmes impossibles à résoudre. Si l’un des nôtres ne peut communier parce qu’un quota est atteint, lequel d’entre nous mérite-t-il donc sa place ? Nous observons que le cadre légal n’a pas encore été pleinement exploité et que les paroisses ne sont pas dos au mur. Des espaces de participation et de communion sur les parvis des églises peuvent être organisés en dernier recours. Un nombre supplémentaire de Messes peut encore être proposé dans de nombreuses paroisses le dimanche. La tradition de l’adoration eucharistique ne doit également pas être oubliée en ce qu’elle est source inépuisable d’espérance et de grâces dans les temps difficiles. Et s’il devenait impossible de faire plus ou mieux, il serait urgent d’élever la voix et de se prononcer avec fermeté, non pas contre ce qui est difficile à juger, mais pour ce qui nous est certain.

La tristesse et le sentiment d’abandon qui nous serrent le cœur un dimanche sans célébration eucharistique ne nous paraissent pas justifiés par une crise durant laquelle les décisions autoritaires semblent parfois plus dangereuses que ce dont elles se préoccupent. Nous cherchons constamment le courage d’être désormais témoins non pas en premier de la sauvegarde à tout prix d’une vie qui passe mais de l’inestimable trésor d’une vie qui ne passera plus. Il nous est acquis que la charité envers les personnes les plus fragiles ne peut se satisfaire d’une application stricte de normes absolues. Le monde a décidé de lutter avec une exclusivité souvent arbitraire contre un mal particulier, négligeant bien des souffrances moins visibles ou tristement habituelles. Pourtant, il n’est encore interdit de réfléchir à personne, mais il est urgent que cette réflexion soit ordonnée aux vérités éternelles, dont la Présence eucharistique réelle fait intimement partie.

Tout cela nous inquiète et pèse lourdement dans nos vies. Confiants que les sentiments qui nous animent peuvent être la source d’un service concret et d’une présence encourageante, nous souhaitons, par la présente, confier notre disponibilité et notre volonté pour agir et prier de la manière dont l’Église le juge prudent et utile lorsqu’elle entend notre témoignage. Et vous, Chers Pasteurs, nous vous prions humblement et avec patience de persévérer à la sauvegarde de l’accès aux églises en toute heure, en particulier lors des célébrations et adorations eucharistiques, ainsi que de nous encourager à manifester au grand jour, en tant que communauté unie, l’importance sans équivalent de la sainte Messe pour notre vie spirituelle et celle du monde. Nous vous demandons par ailleurs de nous guider résolument dans la nécessité de ne pas négliger les souffrances oubliées et abandonnées de la crise. Nous espérons en votre soutien résolu et audible comme en l’exemplarité nécessaire pour alimenter les vocations. C’est pourquoi nous nous engageons également par cette démarche à poursuivre diligemment nos prières pour que les vies données en Église ne le soient pas en vain et nous nous rendons disponibles pour aider nos Prêtres à préserver la possibilité de chacun de prendre part à la divine Liturgie et d’adorer le Très Saint Sacrement. L’exemple de la béatification récente de Carlo Acutis et l’œuvre qu’il nous a laissée peuvent en ces jours accompagner notre cheminement et nos prières.

Qu’aux croix de ces heures ne s’ajoute pas celle de la division entre frères et sœurs chrétiens. Qu’aucun d’entre nous ne ferme la porte à l’autre par crainte de ce qui est temporel. Si le Seigneur nous offre bientôt de retrouver les libertés que les siècles précédents ont garanti dans le souci de la dignité humaine, quelle ne serait pas notre désolation de trouver ces mêmes églises à nouveau ouvertes mais toujours aussi vides. Nous le voyons pourtant avec inquiétude, nous en sommes témoins, c’est le chemin choisi lorsqu’au désir d’une vie éternelle répond un arbitraire contingent, insulte à la raison et aux droits inviolables.

Que Saint Tarcisius intercède pour l’Église du Seigneur. Que Dieu garde ses Pasteurs et son Église, que l’Esprit Saint encourage leur prudent et courageux discernement et que le Seigneur bénisse les vies données pour l’annonce de Son Amour.

Nous, unis fraternellement,

Signez la lettre via ce lien

Michel A. Staszewicz, étudiant en droit, VD

Bernard Frossard, Président de l’association Esprit de la liturgie, GE

Pauline de Gromard, étudiante en droit, FR

Marie-Aimée Pfyffer von Altishofen, Étudiante en droit, FR

Albane de Gromard, FR

Baptiste Teufel, Séminariste, FR

Eléonore Bleeker, Etudiante en droit, GE

Catherine Olivier, VD

Timothée Gaillard, Étudiant, VD

Justine Favre, Future enseignante secondaire I, FR

Michelle Berchtold, Étudiante en droit, FR

Blanche Darbord, Étudiante, VD

Raphaël Colin, NE

Majkel Gjini, VD

Arbenesha Gjini, VD

Marcelo Hamam, VD

Leonore Cuenot, Étudiante, VD

Nicolas C., Économiste Bancaire, VD

R de Pfyffer, FR

José Frossard, Architecte, GE

Marie-Flavie de Reboul, Étudiante, VD

Clotilde Laarman, Étudiante, VD

Sacha Giuseppe Capozzi, étudiant, GE

Perroset François, NE

Fabienne Malky, Infirmière, VD

Mael Rochat, Étudiant, VD

Marie-Bertrande Duay, Étudiante en droit, VS

Audrey Boniface, VD

Kamila Bezençon, VD

Joanna Kondracka, VD

Iohannes Bry, VD

Albane van den Esch, VD

Francine Kuersteiner, Retraitée, VD

Théodore Ribeiro, étudiant en théologie, FR

Maurice Moreno, Business Advisor, VD

Eugénie Fourier, Étudiante en droit, GE

Jean-Paul Prongué, historien, JU

Agnieszka Badynska Rouquier, VD

Karin Flückiger, Lokführerin, VS

Anne-Francoise Rossier, Mère au foyer, VS

Alain Rouquier, VD

Marie-Astrid Lamy, Médecin, GE

Bernadette Beaud, FR

Charlotte Obez, Etudiante, VD

Jérôme Ulrich, agro mécano, mécano chasse-char ER MEC MOT 1998, VD

Servane Mo Costabella, Mère au foyer, FR

Mariana Gueissaz, Conseillère banque, VD

Marie Bezençon, Étudiante, FR

Leonore Cuenot, Étudiante, VD

Richard Erat, TI

Marie Teufel, Assistante en soins et santé communautaire, FR

Elvire Bucaille, Étudiante en Psychologie, VD

Wolf Brixel, GE

Reynald Petten, Père au foyer, FR

Ghislaine Darbord, VD

Roció HÜGING, Juriste, FR

Ludwika Bezençon, Étudiante en Histoire, VD

Gérard Néri, Retraité, GE

Alexandre Julmy, FR

Véronique Julmy, FR

Eric Bertinat, Horloger diplômé, GE

Dorota Kozuch-Lyzwa, VD

Konrad Brynda, architecte, LU

Roselyne Levrat, Professeur de piano et animatrice de paroisse, FR

Merki David, Étudiant,VS

Florence Wuilloud, Sage-femme,VS

Q.A.W.E.L.F.Marie de Haan, étudiant en relations internationales, GE

Grégoire Mercier, étudiant, GE

Valérie Berthoud, Enseignante, VD

Francine Stucki, VS

Colette HAHN COLIN, Ostéopathe, NE

Renato Zappa, enseignant retraité, VD

Patricio Tribelhorn, étudiant de Philosophie et théologie, FR

Clara Lugon, Étudiante, VS

Raphaël Pengg, Étudiant, GE

Clarisse Richard, GE

Marie-Laure Dupont, Infirmière, GE

Silvia King, VD

Alessia King, Étudiante, VD

Louis de Sereys, FR

Fabrice Bezençon, VD